COFI:AQ/1/2002/2





COMITÉ DES PÊCHES

SOUS-COMITÉ DE L'AQUACULTURE

Première session

Beijing (Chine), 18-22 avril 2002

DÉVELOPPEMENT ET AMÉNAGEMENT DE L'AQUACULTURE: SITUATION, QUESTIONS ET PERSPECTIVES

RÉSUMÉ

1. L'aquaculture1 est l'un des secteurs de production vivrière qui progresse le plus à l'échelle du monde et dont l'importante contribution à l'éradication de la pauvreté, à la sécurité alimentaire et à la génération de revenus n'est plus à démontrer. La décision de créer le Sous-Comité de l'aquaculture sous l'égide du Comité des pêches (COFI) traduit l'importance que les États Membres de la FAO attachent au développement de l'aquaculture. Néanmoins, certaines formes de production ont été jugées à juste titre comme non durables et comme étant la cause d'impacts environnementaux et socio-économiques néfastes. Cette disparité d'appréciation met en évidence la nécessité d'examiner de façon plus approfondie les questions de durabilité sectorielle afin de garantir que le secteur aquacole offre une contribution juste et équitable à l'humanité. Le présent document analyse (sur la base des statistiques de la FAO) l'évolution de la production, passe en revue les principales questions de durabilité, examine les perspectives et les problèmes qui se posent pour accroître la contribution de l'aquaculture afin d'éradiquer la pauvreté, d'améliorer la sécurité alimentaire, d'aider les moyens de subsistance ruraux et de renforcer la génération de revenu national.

PORTÉE DU DOCUMENT

2. Le présent document fournit au Sous-Comité a) un bref aperçu de l'évolution de la production aquacole mondiale sur la base des statistiques sur l'aquaculture de la FAO (1970-1999) et b) des informations sur quelques grandes questions concernant le développement aquacole et l'avenir du secteur. Le document traite également des problèmes que pourraient rencontrer les États Membres au cours du processus de développement d'une aquaculture durable et il invite le Sous-Comité à fournir des avis et des conseils sur la manière dont la FAO pourrait les aider à résoudre ces difficultés.

PRINCIPALES TENDANCES DE LA PRODUCTION AQUACOLE MONDIALE

3. L'aquaculture fournit au plan national des quantités non négligeables de protéines animales nécessaires, de bonne qualité, à des prix en général abordables pour les couches les plus pauvres de la société. Elle est également une source précieuse d'emplois, de revenus monétaires et de devises étrangères; les pays en développement contribuent à plus de 90 pour cent du total de la production mondiale. Lorsqu'elle est bien intégrée, l'aquaculture offre également des possibilités sans risques majeures pour le développement rural et trouve diverses applications à la fois dans les zones intérieures et côtières.

4. En 1999, la production de produits aquatiques (y compris les plantes) a été de 42,77 millions de tonnes métriques correspondant à une valeur de 53,56 millions de dollars E.-U, plus de la moitié étant des poissons téléostéens à nageoires2. Si l'on exclut les plantes aquatiques, la production aquatique est de 33,31 millions de tonnes métriques évalués à 47 870 000 dollars E.-U. On élève plus de 200 espèces d'organismes aquatiques dans le monde, et ce chiffre élevé traduit le vaste éventail d'espèces sélectionnées existantes et la variété des systèmes de production utilisés.
5. En 1999, plus de la moitié (54,7 pour cent) de la production aquacole mondiale provenait de l'eau de mer et des eaux saumâtres des côtes et le reste (45,3 pour cent) de l'eau douce. La production d'eau douce a surtout concerné les espèces téléostéennes (98,0 pour cent). Dans les eaux saumâtres, les principales espèces élevées ont été les crustacés à haute valeur et les espèces téléostéennes (56,2 pour cent et 35,7 pour cent respectivement) alors que les mollusques et les plantes aquatiques ont constitué l'essentiel de la production d'eau de mer (46,6 pour cent et 44,4 pour cent respectivement).
6. Les cinq principales espèces de poissons à nageoires élevées sont les cyprinidés, qui représentent plus de la moitié du total de la production aquacole mondiale de poissons. Toutefois, le taux annuel en pourcentage (TAP) de ces espèces qui se nourrissent par filtration a sensiblement diminué ces dernières années au profit des espèces carnivores qui ont en général une valeur commerciale plus élevée que les poissons omnivores ou filtreurs. Bien que les poissons carnivores n'aient représenté en 1999 que 12,7 pour cent en poids du total de la production mondiale d'espèces à nageoires, ils ont contribué à hauteur de 34,7 pour cent au total de la production en valeur.
7. La crevette d'eau de mer et d'eau saumâtre a continué de dominer l'élevage de crustacés, avec trois espèces pénéidées représentant plus de 82 pour cent du total de la production aquacole de crevettes en 1999. Toujours en 1999, bien que la crevette géante tigrée (Penaeus monodon) ne se soit classée qu'au troisième rang de la production aquacole mondiale en poids, elle arrive au premier rang en valeur. En terme de taux annuel en pourcentage, la production de crevettes est tombée ces dix dernières années à des niveaux de croissance modestes (en moyenne 6 pour cent) comparés aux taux à deux chiffres observés pendant les vingt dernières années (24 pour cent à la fin des années 70 par exemple).
8. En 1999, la production mondiale de mollusques a dépassé les 10 millions de tonnes métriques et la croissance de ce secteur a été régulière, avec un taux annuel en pourcentage moyen de 5,5 pour cent dans les années 70, 7,4 pour cent dans les années 80 et 12,1 pour cent dans les années 90.
9. En 1999, la production de plantes aquatiques d'élevage a atteint 9,4 millions de tonnes métriques avec une croissance relativement régulière de 8,2 pour cent en moyenne par an entre 1970 et 1999.
10. Au plan de l'offre mondiale de poissons pour la consommation (c'est-à-dire la production de poissons à nageoires aquatiques et coquillages entiers en poids vifs, à l'exclusion des plantes aquatiques), le secteur aquacole a produit 33,31 millions de tonnes métriques de produits d'élevage en 1999 et la pêche de capture 63,9 millions de tonnes métriques destinés à la consommation humaine directe. En outre, l'offre de produits provenant de l'aquaculture en milieu marin a augmenté de 13 fois, passant de 0,69 kg par habitant en 1970 à 5,57 kg par habitant en 1999, soit un taux de croissance moyen de 9,2 pour cent. En revanche, le poisson destiné à la consommation provenant des pêches de capture est resté relativement stable, passant de 10,20 kg par habitant en 1970 à seulement 10,68 kg par habitant en 1999 (c'est-à-dire 63,86 millions de tonnes métriques en 1999, à l'exclusion des poissons destinés à la fabrication de tourteaux). Sur la base des données susmentionnées, plus de 34,3 pour cent du total de l'offre mondiale de produits de la mer a été fournie par l'aquaculture en 1999.
11. La production mondiale totale de chair de poissons aquatiques élevés (c'est-à-dire poids frais de poissons - éviscérés, avec la tête; crustacés - queue/chair, épluchés; mollusques - chair, sans coquilles, a augmenté de 14 fois passant de 1,42 million de tonnes métriques en 1970 (0,38 kg/habitant) à 20,35 millions en 1999 (3,40 kg/habitant). Pendant les vingt dernières années, la production de chair d'espèces aquatiques élevées a augmenté d'un taux annuel moyen en pourcentage de 9,6 pour cent, soit trois fois plus rapidement que le total de la viande produite sur terre (TAP 2,29 pour cent). Bien que l'aquaculture occupe actuellement la quatrième place en termes de production mondiale de viande provenant de l'élevage, en Chine, elle arrive en deuxième position juste après la production de viande de porc.
12. Au cours des vingt dernières années, le poisson destiné à la consommation provenant des pêches de capture et de l'aquaculture a représenté 15,9 pour cent du total de l'offre de protéines animales, soit un taux supérieur à celui de tous les autres produits carnés. Les populations habitant l'Asie et l'Afrique (y compris les pays à faible revenu et à déficit vivrier ou PFRDV3) sont davantage tributaires du poisson pour leur apport alimentaire journalier que celles vivant dans d'autres régions du monde.

TENDANCES RÉGIONALES

13. En 1999, environ 90,3 pour cent de la production aquacole totale a été le fait des pays en développement (82,5 pour cent pour les PFRDV) et pendant la dernière décennie la croissance du secteur aquacole dans ces pays a été six fois plus rapide que dans les pays développés. En termes de poissons téléostéens à nageoires, les pays en développement produisent principalement des espèces omnivores, herbivores et se nourrissant par filtration, alors que les pays développés produisent essentiellement des espèces carnivores à valeur élevée.

14. En 1999, plus de 90,9 pour cent du total de la production aquacole en poids venait de la région asiatique (38,89 mtm). L'Europe représentait 4,9 % de la production totale (2,10 mtm); l'Amérique du Nord, 1,7 pour cent (0,73 mtm); l'Amérique du Sud, 1,5 pour cent (0,63 mtm); l'Afrique, 0,7 pour cent (0,28 mtm) et l'Océanie, 0,3 pour cent (0,14 mtm). Les dix principaux pays producteurs de produits aquacoles se trouvent dans la région asiatique, la Chine contribuant à hauteur de 30,4 millions de tonnes métriques, soit 70,2 pour cent de la production aquacole mondiale. Si l'on exclut toutefois la Chine continentale, la croissance de la production aquacole dans le reste du monde a été plus modeste, augmentant d'un facteur de cinq entre 1970 et 1999. Les niveaux records de 7,4 pour cent et 7,3 pour cent des années 70 et 80, sont tombés à 4,1 pour cent pendant les années 90.

15. Les analyses de l'évolution du développement aquacole effectuées par la FAO et le RCAAP4 en 1999 pour la Conférence de l'aquaculture du troisième millénaire ont mis en lumière les scénarios régionaux suivants:5

Asie: Cette région domine la production aquacole mondiale aux plans des volumes, de la valeur et de la diversité et c'est donc dans cette région que se posent les principaux problèmes. La politique asiatique en matière de développement aquacole qui est dans une phase de transition, abandonne les orientations purement techniques et économiques pour viser désormais des objectifs sociaux qui comportent l'éradication de la pauvreté, le développement des moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et des liens entre pratiques aquacoles durables et commerce. L'importance de la petite aquaculture à vocation sociale est de plus en plus reconnue et de récentes initiatives ont été prises pour attirer l'attention des gouvernements et des organisations régionales sur cette question. En revanche, les questions techniques et de production sont de plus en plus confiées à la gestion du secteur privé. Parallèlement, le rôle du pisciculteur évolue: il n'est plus là seulement pour élever du poisson mais fait partie d'un réseau de production qui garantit la fourniture de produits sains et de haute qualité aux consommateurs. Cela est particulièrement évident dans les branches commerciales à valeur élevée du secteur. Les liens entre pratiques de production et leur impact sur l'environnement d'une part et le commerce d'autre part ont été pris en compte dans les récents programmes régionaux et nationaux.

Afrique: On estime que 95 pour cent de l'aquaculture africaine est de petite taille, les étangs à poissons étant intégrés dans la mosaïque des activités agricoles. Le rendement moyen est d'environ 500 kg/ha/an, bien que la fourchette soit large, de moins de 100 à plus de 10 000 kg/ha/an. Le scénario habituel serait un étang de 300 m2 produisant 15 kg par an utilisant la main-d'œuvre familiale et les intrants de l'exploitation. Il y a peu de données sur la production des nombreux réservoirs de la région bien qu'ils soient souvent exploités par les communautés voisines. L'élevage commercial de poissons téléostéens est pratiqué en eau douce ou en eau saumâtre. Les crevettes, moules, huîtres, ormeaux et les algues sont également cultivés dans certains pays. La consommation de poisson a diminué passant de 9 kg par habitant en 1990 à 6 kg par habitant à l'heure actuelle. Cela représente une baisse de l'offre en comparaison avec l'augmentation de la population africaine. L'Afrique subsaharienne possède d'importantes ressources en eau et en terre sous-utilisées, une main-d'œuvre disponible et peu chère, la demande de poissons y est forte et le climat favorable à une période de croissance tout au long de l'année. Toutefois, l'utilisation optimale de ces ressources a souvent été compromise par le manque d'infrastructures et d'intrants de production. Le potentiel d'expansion est considérable mais exige plusieurs facteurs favorables, notamment: une perception positive de l'aquaculture, des politiques nationales rationnelles, des institutions publiques solides, la disponibilité de nutriments, des politiques d'investissements favorables permettant d'attirer une plus grande participation du secteur privé et l'accès à des crédits pour les petites entreprises commerciales.

Europe: Les caractéristiques essentielles de l'aquaculture en tant que secteur fondé sur les ressources naturelles ont été reconnues au sein de l'Union européenne (UE) mais il est nécessaire de renforcer les politiques aquacoles dans les pays où l'aquaculture n'est pas encore considérée comme un usager de ressources ayant des droits égaux. Le soutien à la recherche et au développement s'est concentré sur les aspects techniques et il importe maintenant de s'attacher davantage aux aspects environnementaux et sociaux nécessaires aux fins de la durabilité et de la concurrence. Les autres problèmes concernent notamment la concurrence commerciale accrue, la chute ou la stagnation des prix et l'augmentation des coûts de production et de commercialisation. En Europe centrale et de l'Est, la capacité d'absorption des marchés a diminué en raison de la baisse du pouvoir d'achat et la plupart des produits de ces pays ne sont pas concurrentiels à l'exportation. Pour l'ensemble de l'Europe, la concurrence d'importations relativement bon marché provenant d'autres régions constitue un autre problème. L'intervention des pouvoirs publics dans le secteur aquacole tend aussi à diminuer. Toutefois, on constate qu'il faut des réglementations centralisées, des efforts coordonnés pour garantir une répartition équitable des ressources, des pratiques de gestion durables et une plus grande participation du public au processus décisionnel. La création de capacités institutionnelles exige encore d'énormes efforts nationaux et internationaux en Europe centrale et de l'Est, notamment en ce qui concerne le contrôle de la qualité et la lutte contre les maladies, la formation, notamment à la gestion commerciale et aux systèmes d'information. L'échange intra-européen d'informations et la collaboration entre institutions ont été bons. En outre, les associations de producteurs s'avèrent être pour leurs membres une source importante d'informations sur les prix et les marchés et constituer des instances où s'élaborent des politiques communes sur une toute une série de questions.

Région de l'ex-URSS: Les deux principaux objectifs du développement aquacole dans cette région sont de: i) revitaliser l'aquaculture autrefois prospère dans les zones intérieures, laquelle compte essentiellement des installations d'élevage de poissons en étang; et ii) développer davantage la pêche fondée sur l'élevage. La part de l'élevage côtier et marin pourrait également décoller de son actuel 8 pour cent en volume mais l'aquaculture en eau douce restera dominante étant donné l'abondance des ressources d'eau douce de la région. L'intégration avec d'autres secteurs devrait être envisagée autant que faire ce peut dans le cadre du développement aquacole de la région. Il faut saluer le fait que les rapports professionnels et personnels aient survécu à la réorganisation politique de l'URSS et constituent une bonne base pour de futures collaborations régionales. La création d'associations de producteurs est aussi un fait positif qui permettra d'améliorer l'échange d'informations entre entreprises de la région. Toutefois, bien que la Fédération de Russie et la plupart des pays de la région aient ratifié les grands traités internationaux, nombreux sont ceux qui restent insuffisamment représentés au sein des organismes internationaux.

Amérique latine: Le secteur aquacole d'Amérique latine a tendance à accorder la priorité à la génération de devises étrangères. Bien que l'aquaculture industrielle ait été créatrice d'un grand nombre d'emplois dans plusieurs pays, le véritable potentiel de la région réside dans l'aquaculture rurale de taille moyenne et petite qui dépend largement de la participation des pouvoirs publics au développement aquacole. Toutefois, le développement de la petite aquaculture est limité par les difficultés liées aux politiques macro-économiques, à la privatisation et à la réduction des budgets nationaux. La tendance actuelle à une moindre participation de l'État pourrait en fait entraver ce développement. A mesure que les pays de cette région abandonnent progressivement le principe de l'État tentaculaire, les aquaculteurs ruraux devront trouver d'autres solutions pour soutenir le développement. Dans le domaine de l'aquaculture industrielle, les gouvernements préfèrent mettre en place un environnement favorable plutôt que de jouer un rôle direct. La disponibilité de terres pour développer l'aquaculture axée sur les exportations, comme l'élevage de la crevette, ne pose pas problème; seulement 16 pour cent des superficies disponibles adaptées à l'élevage de la crevette sont en culture. On estime qu'il faudra d'ici 2010 deux à trois millions de tonnes métriques de poissons supplémentaires pour satisfaire la consommation des pays d'Amérique latine.

Proche-Orient: Le développement aquacole en eau douce prendra la forme que lui imposeront les politiques nationales en matière d'eau et de terre. La diminution du niveau des eaux souterraines, l'interdiction d'utiliser l'eau douce et la concurrence de l'agriculture, de l'industrie pétrolière et du tourisme sont à l'origine des grands problèmes qu'il faudra résoudre pour faciliter le développement aquacole. De même, la disponibilité de semences et d'aliments pour animaux constituent des difficultés technologiques d'importance. Le prix élevé des aliments pour animaux, aggravé par les fluctuations des monnaies et des coûts variables élevés, a fait augmenter les coûts de production. Des politiques, des législations et des cadres réglementaires inappropriés, la coopération insuffisante entre institutions et organismes, des services de vulgarisation peu efficaces et la diffusion lente des techniques font surgir d'autres problèmes de poids. La plupart des produits aquacoles, tilapia, mulet gris, est consommée localement. Les espèces marines cultivées sont destinées à l'exportation mais les prix élevés obtenus sur place et les réglementations nouvelles et plus coûteuses de l'Union européenne (UE) ont eu pour effet de décourager les exportations de ces espèces à valeur élevée. La rareté de l'eau et des terres, la concurrence d'autres usagers et l'augmentation du coût des intrants encouragent actuellement l'intensification.

Amérique du Nord: Tant au Canada qu'aux États-Unis, un soutien institutionnel important en faveur de l'aquaculture et l'engagement des pouvoirs publics favorisent l'expansion du secteur. Au Canada, l'aquaculture contribue chaque année pour 1 000 millions de dollars canadiens à l'économie et emploie environ 14 000 personnes. Compte tenu de l'importance de ce secteur pour le développement socio-économique des communautés rurales et côtières, y compris les groupes aborigènes, le Département des pêches et des océans (l'autorité responsable de l'aquaculture au Canada) a créé un Programme et un Office pour l'aquaculture durable en 2000. Cette initiative vise à soutenir le potentiel de développement de l'aquaculture canadienne (poissons d'eau douce, poissons d'eau de mer et coquillages) qui pourrait atteindre 3 000 millions de dollars canadiens d'ici 2010. Aux États-Unis, le Département du commerce a récemment mis en place une politique aquacole visant à favoriser le développement d'une industrie aquacole durable et fortement concurrentielle. Les objectifs de cette politique de 1999 sont entre autres une forte augmentation de la production, qui passerait des 900 millions de dollars E.-U actuels à 5 000 millions d'ici l'an 2025, et une hausse du nombre d'emplois dans le secteur, qui passerait de 180 000 à 600 000 personnes. Les États-Unis veulent ainsi faire face à l'augmentation de la demande de produits de la mer et aider à compenser les 6 000 millions de dollars E.-U de déficit commercial qu'enregistre chaque année la branche des produits de la mer destinés à la consommation. Les demandes concurrentielles en matière de ressources naturelles, l'accès à l'eau douce et les restrictions liées au rejet des effluents sont les grandes questions que le secteur doit traiter. Une partie de la réponse pourrait consister à encourager la production au large et à favoriser l'utilisation de systèmes intensifs à recirculation partielle.

Pacifique Sud: Les États insulaires du Pacifique ont de nombreux atouts favorables au développement de l'aquaculture et à l'amélioration des stocks dans les zones côtières. Toutefois, plusieurs problèmes se posent toujours à pareilles entreprises: débouchés limités sur les marchés nationaux, comment viser les marchés d'exportation de produits à valeur élevée, problèmes de transport, facteurs socio-économiques, habitats fragiles, ressources en eau douce limitées et cyclones. Le commerce des produits d'aquarium (poissons de récifs coralliens, corail et main de mer), le marché des produits vivants (mérou, langouste épineuse, oreille de mer, crabe, etc.) et l'industrie pharmaceutique (algue, éponge et main de mer par exemple) offrent les meilleures chances de développement du secteur aquacole dans cette région. D'ordinaire, les produits ont une grande valeur et peuvent être cultivés sur de petites superficies, moyennant des techniques relativement simples dans le cas des systèmes d'élevage d'algues et de mollusques et un peu plus complexes pour l'élevage de poissons et de crustacés.

16. Les statistiques de production de la FAO montrent que la tendance à la hausse du taux annuel en pourcentage pendant les années 80 s'est inversée pendant les années 90. Bien que la production ait continué à augmenter pendant cette période, le taux de croissance a diminué ou est resté stable dans certaines régions du monde, notamment en Asie. Par ailleurs, la croissance du secteur est allée de pair avec l'augmentation démographique dans la plupart des régions, à l'exception de l'Afrique et des pays de l'ex-URSS. Il n'est donc pas réaliste de s'attendre à un maintien ou à une augmentation du taux de croissance de l'aquaculture mondiale.

17. Le secteur ne doit pas se laisser aller s'il veut atteindre une croissance à long terme durable au cours des prochaines décennies. Même si l'aquaculture bénéficie toujours d'une croissance positive, le secteur ne représente actuellement que 30 pour cent environ du total de l'offre d'aliments aquatiques. Étant donné qu'une forte augmentation de la demande de poissons est prévue au cours des quelques décennies prochaines et que la contribution des pêches de capture est restée relativement stable entre 1970 et 1999, il est vraisemblable que l'essentiel de l'augmentation de l'offre nécessaire pour répondre à cette demande proviendra de l'aquaculture (voir le document portant la cote COFI:AQ/I/2002/3). Il est donc important que la croissance aille de pair avec la demande.

CONTRIBUTIONS AUX MOYENS DE SUBSISTANCE ET AUX ÉCONOMIES NATIONALES

18. Si les pratiques aquacoles axées sur les exportations et les systèmes industriels et commerciaux sont sources de devises étrangères, de revenus et d'emplois bien nécessaires, les formes d'aquaculture plus extensives profitent aux moyens de subsistance des pauvres en améliorant l'offre de vivres, en réduisant la vulnérabilité, en générant des emplois et des revenus.

19. L'amélioration de la pêche à l'aide de techniques d'élevage appropriées permet également aux populations dépourvues de ressources de tirer partie d'une meilleure utilisation de ressources sous-utilisées, nouvelles ou dégradées. La pêche fondée sur l'élevage offre un potentiel considérable pour améliorer l'offre de poissons d'eaux douce et d'eau de mer et générer en même temps des revenus dans les communautés habitant les zones intérieures et côtières.

20. Le défi à relever est de créer un environnement favorable pour optimiser les avantages et la contribution potentiels que l'aquaculture et les pêches fondées sur l'élevage peuvent apporter au développement rural, à la sécurité alimentaire et à l'éradication de la pauvreté. De meilleures pratiques participatives en matière d'élevage/production dans le cadre d'une cogestion durable intégrée des ressources naturelles amélioreront l'utilisation de ces ressources. Des approches communautaires en matière de développement et de gestion des services de vulgarisation garantissant la création de capacités qui privilégient des systèmes d'élevage d'espèces aquatiques se trouvant en bas de la chaîne alimentaire, permettront de produire les produits bon marché dont ont besoin les communautés rurales les plus pauvres. Le rôle de l'aquaculture dans le développement rural est largement expliqué dans le document de travail portant la cote COFI:AQ/I/2002/3.

GRANDES QUESTIONS AYANT UNE SIGNIFICATION RÉGIONALE ET MONDIALE

21. Au cours des trente dernières années, l'aquaculture s'est développée, diversifiée, intensifiée et a progressé au plan technologique. Tout le monde a reconnu le potentiel qu'offre un tel développement pour améliorer la sécurité alimentaire locale, éradiquer la pauvreté et améliorer les moyens de subsistance ruraux. La déclaration et la stratégie de Bangkok6 soulignent que le secteur aquacole doit continué à être développé dans le but d'atteindre son plein potentiel, et pouvoir ainsi apporter une contribution nette à la disponibilité mondiale d'aliments, à la sécurité alimentaire des pays, à la croissance économique, au commerce et à l'amélioration du niveau de vie.
22. Pour atteindre son plein potentiel, l'aquaculture doit être considérée comme une composante intégrale du développement communautaire, contribuant aux moyens de subsistance durables pour promouvoir le développement humain et améliorer le bien-être social des couches les plus pauvres de la population. Les politiques et réglementations aquacoles devraient encourager des pratiques d'élevage et de gestion pragmatiques et économiquement viables qui soient durables d'un point de vue écologique et socialement acceptables.
23. Pour mettre en valeur la totalité de son potentiel, le secteur pourrait nécessiter au cours des prochaines décennies de nouvelles approches. Elles seront sans aucun doute différentes d'une région à l'autre et d'un pays à l'autre et le défi sera de concevoir des approches réalistes et pragmatiques dans le cadre des divers contextes sociaux, économiques, écologiques et politiques. À l'ère de la mondialisation et de la libéralisation des échanges, il ne faut pas seulement viser l'augmentation de la production mais également la production d'un produit qui soit abordable, acceptable et accessible à toutes les couches de la société.
24. Une volonté politique énorme est nécessaire pour concevoir des approches effectives et durables permettant de garantir le développement aquacole. Des mécanismes appropriés doivent être mis en place et les capacités institutionnelles renforcées pour garantir une planification et une gestion meilleure. Il faudra adopter diverses mesures de politique qui pourraient prévoir notamment des consultations élargies avec ceux que les mesures proposées concernent (et éventuellement leur participation), la stricte adoption de principes d'égalité transgénérationnels et la reconnaissance du besoin de déléguer la gestion aux niveaux de responsabilités pratiques les plus bas. Des cadres juridiques appropriés, de nouvelles compétences et des capacités améliorées, notamment en ce qui concerne l'analyse des politiques au niveau des secteurs et des projets ainsi que des moyens nouveaux et efficaces de communication sont nécessaires. Le renforcement institutionnel et la formation au plan local sont aussi importants pour permettre une gestion décentralisée.
25. Pour garantir la durabilité globale du secteur aquacole, il faudra notamment:

CRÉER UN ENVIRONNEMENT FAVORABLE

26. Historiquement, la plupart des systèmes aquacoles dans le monde sont exploités moyennant des avantages sociaux, économiques et nutritionnels significatifs et des coûts minimes pour l'environnement. Toutefois, l'aquaculture a été la cible de récents débats publics concernant des impacts environnementaux et sociaux négatifs. Certaines de ces accusations sont fondées - dans plusieurs parties du monde et dans certains secteurs aquacoles, des formes d'aquaculture insuffisamment planifiées et mal gérées ont créé des problèmes sociaux et écologiques graves. D'ordinaire, ces problèmes sont dus à des réglementations insuffisantes et à une augmentation du potentiel commercial de certaines espèces à valeur élevée.

27. Dans l'ensemble, l'aquaculture est essentiellement rurale; elle produit des espèces appartenant au bas de la chaîne alimentaire qui exigent peu ou pas d'intrants ni d'investissements en capitaux (plus de 80 pour cent de la production mondiale de poissons sont des cyprinidés). L'aquaculture contribue donc significativement au plan local à améliorer les moyens de subsistance des couches les plus pauvres de la société. Les pressions pour surexploiter des ressources dans ces circonstances ont été aussi fortes en matière de développement aquacole qu'elles l'ont été historiquement pour les pêches de capture. Toutefois, il est important d'analyser les leçons tirées des expériences passées et de concevoir des stratégies permettant d'améliorer la durabilité de cet important secteur. La diminution des effets extérieures et des impacts sociaux et environnementaux négatifs par le biais d'une planification consultative et d'une cogestion spécifique garantira des profits durables.

SITUATION EN MATIÈRE DE POLITIQUES, D'INSTITUTIONS ET DE RÉGLEMENTATIONS

28. La nécessité d'élaborer et d'adopter des politiques et des pratiques qui garantissent la durabilité de l'environnement, exige des technologies et des systèmes d'élevage ne portant pas atteinte à l'environnement, basés sur de solides connaissances scientifiques. Améliorer l'efficacité d'utilisation des ressources et la productivité au niveau de l'exploitation contribue largement à la durabilité du secteur. L'adoption d'une approche systémique en matière d'aménagement, une gestion plus rationnelle de l'eau, de meilleures stratégies nutritionnelles, des aliments ne présentant aucun danger pour l'environnement, des stocks sains, un meilleur contrôle sanitaire, l'intégration de l'agriculture, etc. sont des questions importantes et nombre d'entre elles sont incluses dans le Programme de travail du Département des pêches de la FAO (voir également le document portant la cote COFI:AQ/I/2002/3).

29. Le Code de conduite pour une pêche responsable7 comporte des dispositions relatives au développement durable et à la gestion de l'aquaculture. Les directives techniques de la FAO pour une pêche responsable8 contiennent des annotations concernant les principes exposés à son article 9 - Développement de l'aquaculture - qui sont censées faciliter l'application du Code. La FAO a aidé les États Membres à adapter le Code aux conditions locales et à concevoir les cadres institutionnels et juridiques nécessaires. L'analyse des progrès dans l'application du Code de conduite, l'aide de la FAO aux États Membres, les perspectives d'avenir, les possibilités et problèmes sont examinés dans le document de travail portant la cote COFI:AQ/I/2002/4.
30. Encourager dans les secteurs aquacoles l'application de meilleures pratiques de gestion et de codes de bonne conduite, fondés sur des réglementations et des politiques exécutoires, est indispensable pour garantir la durabilité de l'ensemble de l'industrie. Le document de travail portant la cote COFI: AQ/I/2002/4 met en évidence les activités déployées par la FAO en faveur d'un élevage durable de la crevette et l'application des dispositions pertinentes du Code de conduite pour une pêche responsable.
31. Une capacité institutionnelle solide, c'est-à-dire l'aptitude des pays et des organismes à renforcer et à faire appliquer des cadres de politiques et réglementaires qui soient à la fois transparents et réalistes, constitue l'un des facteurs clés de l'instauration d'un environnement propice. Les participants à la Conférence sur l'aquaculture au troisième millénaire ont défini plusieurs recommandations qui contribueront à créer des environnements institutionnels et de politiques favorables. Il s'agit notamment:

Aménagement côtier intégré

32. Pour garantir que le développement de l'aquaculture se situe dans le cadre des capacités de tolérance locales et régionales, il est important d'intégrer l'aquaculture dans les plans d'aménagement des zones côtières et des bassins versants intérieurs. L'adoption d'une planification intégrée et d'une cogestion des ressources communes avec les parties prenantes est cruciale pour maintenir et améliorer la durabilité. La FAO a, dans le cadre du GESAMP9, défini des directives pour la gestion du développement durable de l'aquaculture. Conçues à l'attention des décideurs et des planificateurs, elles définissent des principes et des procédures de base relatives à l'utilisation d'approches de planification intégrée ainsi que des outils facilitant la mise en œuvre de ces procédures. Des directives spécifiques au développement de l'aquaculture côtière fournissent une analyse approfondie des outils appropriés et de leur application. Ces directives concernent les pays développés et en développement10.

Investissements et aquaculture commerciale

33. Les investissements sont une partie intégrante du développement de l'aquaculture durable tant au niveau des petites exploitations qu'à l'échelon commercial /industriel. Les investissements visant le développement durable de la part du secteur privé constituent l'une des plus importantes contributions à l'aquaculture. Néanmoins, le financement par le secteur public pour la création de capacités et la mise en place d'institutions et d'infrastructures est également nécessaire pour garantir un développement aquacole bien géré et efficace.

34. Outre l'aquaculture de subsistance et non commerciale, le Département des pêches de la FAO encourage l'aquaculture commerciale, conscient du rôle important qu'elle peut jouer pour améliorer la sécurité alimentaire et éradiquer la pauvreté. La FAO a réalisé une série d'études visant à offrir une compréhension approfondie des aspects socio-économiques, de commercialisation, de politiques, juridiques, réglementaires et institutionnels de l'aquaculture commerciale en Afrique subsaharienne et dans les autres parties du monde ainsi que des orientations pour évaluer les marchés potentiels de produits aquacoles. Ces études fournissent des outils utiles permettant aux futures aquaculteurs d'évaluer les possibilités commerciales avant de prendre une décision en matière d'investissement (voir également le document de travail portant la cote COFI:AQ/I/2002/3)11.

Technologies

35. Des technologies appropriées contribuent à la durabilité de l'aquaculture par une variété de mécanismes qui peuvent répondre aux exigences de l'environnement local. La mise à disposition de ces techniques nécessite des réseaux de communication efficaces, des données fiables et une aide au processus décisionnel pour garantir que les producteurs aquacoles choisissent les systèmes de production et les espèces les mieux adaptés à leur environnement.

36. La science et la technologie offrent sans cesse de nouvelles possibilités de développement de l'aquaculture notamment: des techniques permettant une amélioration durable des stocks, des programmes d'élevage et l'aquaculture ouverte en mer; l'utilisation de plantes et d'animaux aquatiques pour la stabilisation des nutriments; des systèmes intégrés pour améliorer les résultats en matière d'environnement tels que systèmes de recirculation, utilisation intégrée de l'eau, remontée d'eau artificielle et gestion des produits alimentaires provenant de l'écosystème.

37. Même si elles sont considérées comme relativement nouvelles, certaines biotechnologies sont appliquées depuis longtemps, par exemple la fertilisation des étangs pour augmenter l'offre d'aliments pour animaux. D'autres comme le génie génétique et la mise au point d'une sonde ADN pour les diagnostics de maladies, sont plus modernes et se fondent sur des connaissances très évolutives de la biologie moléculaire et de la génétique. L'application des biotechnologies à l'aquaculture concerne avant tout l'augmentation des taux de croissance mais également une plus forte résistance aux maladies et une tolérance physiologique à des situations écologiques extrêmes.

38. La biotechnologie comporte toute une série de méthodes qui ont le pouvoir de renforcer à la fois l'aquaculture de subsistance et commerciale grâce par exemple à l'amélioration de la valeur nutritive des aliments marins et de la santé des animaux aquatiques, l'utilisation plus rationnelle des ressources, la restauration et la protection des environnements ruraux, l'augmentation de la gamme d'espèces aquatiques élevées et une plus grande précision dans l'évaluation des risques aux fins d'une meilleure gestion et conservation des stocks sauvages. De telles procédures ont largement aidé les aquaculteurs à domestiquer de nombreuses espèces aquatiques tandis que d'autres techniques moléculaires se sont avérées utiles pour la gestion de la santé des animaux aquatiques (par exemple création de vaccins et diagnostics affinés des maladies).

39. L'application des technologies moléculaires au secteur aquacole est toutefois délicate en ce sens qu'il faut utiliser ces techniques en protégeant absolument la diversité aquatique et en tenant dûment compte de l'impact éventuel sur l'autonomie et l'économie de subsistance des populations rurales. Au cours des prochaines décennies, l'importance des biotechnologies et leur contribution à la sécurité alimentaire, à l'éradication de la pauvreté et à la création de revenus augmenteront et la FAO devra être en mesure de traiter de manière responsable les problèmes liés à la conception de ces technologies.

Qualité, sécurité sanitaire et commerce des produits aquatiques

40. La qualité, la sécurité sanitaire et le commerce des produits aquacoles sont des aspects importants pour la durabilité d'un secteur. Le Sous-Comité du commerce du poisson du Comité des pêches de la FAO s'occupent de ces questions; toutefois il faut signaler que l'importance de mettre en place une aquaculture durable ayant un impact environnemental minime, voire négligeable, oblige actuellement de nombreux pays exportateurs à adopter et à appliquer des méthodes de production plus durables.

41. Cela est particulièrement important lorsque l'aquaculture est perçue comme un secteur produisant des denrées non traditionnelles. Il est désormais de plus en plus courant de procéder à des évaluations de la sécurité sanitaire, fondées sur l'évaluation des risques et le principe de précaution, avant de se lancer dans la production d'espèces nouvelles et exotiques ou de produits issus des biotechnologies modernes.

42. Le rôle de l'aquaculture dans le commerce international augmente en terme tant relatif qu'absolu. Cela s'explique par une augmentation de la production aquacole en général et une production commerciale à haute valeur orientée sur les exportations en particulier. Comme les statistiques du commerce international ne font pas de distinction entre les méthodes de production des produits halieutiques (capture or aquaculture), il est impossible pour la plupart d'entre eux de déterminer la part exacte des produits provenant de l'aquaculture dans le commerce de ces produits. Toutefois, de récentes initiatives législatives, tels que la nouvelle réglementation de la Communauté européenne sur l'étiquetage, introduite en 2002, qui fait une distinction entre produits élevés et naturels, associées à des exigences de plus en plus nombreuses en matière de traçabilité des produits alimentaires pour des raisons de sécurité sanitaire, devraient améliorer la qualité des données du commerce international et faciliter une analyse plus précise du commerce aquacole.

43. Tandis que les avantages et les inconvénients des systèmes d'étiquetage et de certification sont débattus dans les instances internationales, certains gouvernements et plusieurs organismes et ONG appartenant au secteur s'occupent de l'élaboration de procédures fondées sur des pratiques de saine gestion, de codes de conduite et des systèmes de gestion à l'échelon de l'exploitation.

44. La préférence des consommateurs pour les produits aquatiques biologiques ne fait qu'augmenter. Le secteur aquacole est en retard par rapport à l'agriculture tant du point de vue des quantités que de la diversité des produits "biologiques", ce qui montre un manque d'acceptation des normes internationales/régionales/nationales et des critères d'homologation des produits aquacoles. Les organismes de certification et les aquaculteurs biologiques existants se limitent à une poignée d'organisations dans les pays développés d'Europe, d'Océanie et d'Amérique du Nord qui ont contribué en 1999 pour moins de 10 pour cent à la production aquacole mondiale.

45. Bien qu'aucune statistique officielle ne soit disponible concernant la production mondiale de produits aquacoles biologiques certifiés, on estime que cette production n'était que d'environ 5 000 tonnes métriques en 2000, essentiellement provenant de pays européens, soit un petit 0,01 pour cent du total de la production aquacole mondiale et 0,25 pour cent de la production aquacole européenne. Le volume total des produits aquacoles biologiques commercialisés en Europe en 2000 oscillerait entre 4 400 et 4 700 tonnes métriques. Pour les pays non européens, les données font état d'une production négligeable.

46. Les programmes d'homologation biologique et autre certification écologique sont étudiés et élaborés par divers organismes et groupes. Ils donnent les moyens au consommateur de choisir des produits aquacoles présentant des garantis de bonne qualité et de sécurité sanitaire et cultivés d'une manière respectueuse de l'environnement. Le prix payé pour un produit cultivé de façon biologique est de 10 à 50 pour cent supérieur à celui d'un produit traditionnel. Ces prix plus élevés constituent pour l'aquaculture une incitation à produire des produits biologiques mais les coûts de production associés à des mesures de protection de l'environnement sont aussi plus élevés. Lorsque la certification n'est pas discriminatoire et basée sur des normes techniques à fondement scientifique solide, elle peut aider le consommateur à faire usage de son pouvoir d'achat pour encourager des méthodes de production ne portant pas atteinte à l'environnement. La question est de savoir si la FAO, en tant qu'organisation technique compétente fournissant une aide à ses États Membres, devrait s'occuper d'élaborer des directives techniques et de fixer des normes pour ce genre d'activités, comme cela a été le cas pour les produits agricoles et de l'élevage dans le cadre de la Commission mixte du Codex Alimentarius FAO/WHO, pour garantir que le processus est basé sur les meilleures connaissances scientifiques, qu'il est équitable et non discriminatoire.

47. La sensibilisation aux questions d'environnement et de bien-être s'intensifie notamment dans les pays développés où les décisions d'achat peuvent être influencées par une publicité malveillante ou un manque d'informations. Comme les éleveurs d'animaux, les producteurs aquacoles sont de plus en plus tenus de respecter les normes appliquées à l'industrie de l'élevage. Au plan national, des systèmes de sécurité sanitaire et de gestion de la qualité devraient être mis en place pour garantir que la production, la distribution et la vente de produits aquacoles ne présentent aucun danger et respectent des normes de qualité. De telles mesures nécessitent pour réussir que les associations professionnelles compétentes travaillent en étroite collaboration avec les autorités légales.

Informations

48. L'accès et la diffusion efficace d'informations fiables sont nécessaires pour prendre des décisions en connaissance de cause et des mesures responsables à tous les échelons. Une information de bonne qualité favorise la planification et les décisions de politiques, améliore l'application des résultats de la recherche, accroît les capacités des éleveurs à s'occuper du développement durable ainsi que la sensibilisation du public aux réalisations.

49. Mettre en place des systèmes d'information régionaux et nationaux en définissant précisément le rôle de l'information pour la gestion du secteur est crucial. Des outils et des méthodes efficaces de gestion et d'analyse des données (par sujet, matière ou secteur) et des systèmes d'information sont nécessaires. Le Département des pêches de la FAO a créé des systèmes d'information de ce type: i) l'Atlas mondial des pêches et de l'aquaculture (ATLAS)12 et ii) le Système d'information mondial sur les pêches (FIGIS)13.
50. On dispose actuellement de peu d'informations statistiques concernant l'ampleur du développement de la petite aquaculture dans la plupart des pays en développement et les PFRDV. De même, il y a peu de données concernant l'impact social et économique direct ou indirect sur ce secteur. En raison des limitations des méthodes conventionnelles d'évaluation, la fiabilité des informations est aussi douteuse. Par conséquent, le rôle que jouent la petite aquaculture et la gestion des ressources aquatiques dans les moyens de subsistance est en général sous-estimé. On manque également d'informations quantitatives et qualitatives sur l'impact des activités ayant un caractère plus commercial et des projets d'assistance sur la sécurité alimentaire et l'éradication de la pauvreté. Il faut remédier à ces lacunes de toute urgence (voir également le document portant la côte COFI:AQ/I/2002/5).

51. Toutefois, il existe une masse considérable d'informations sur divers aspects de l'aquaculture, mais ce sont des données non officielles. Bien que certaines informations concernant le développement durable et l'aménagement de l'aquaculture doivent s'appuyer sur des enquêtes, il faut en premier lieu tenter de recueillir et d'évaluer les informations existantes et au besoin les regrouper dans des formats plus accessibles.

52. Dans l'immédiat, il importe de regrouper au plan national les informations disponibles sur les aspects économiques et sociaux de l'aquaculture, l'utilisation des ressources, les avantages en matière d'emploi, les bénéficiaires et les autres caractéristiques de la grande production aquacole. Cela est nécessaire pour permettre des prises de décisions rationnelles sur l'intégration de l'aquaculture dans les plans d'aménagement des ressources, l'agriculture et le développement rural. Il faudrait que ces informations soient regroupées dans un format pouvant être directement utilisé par les décideurs (par exemple sous forme d'indicateurs quantifiables) et accorder une attention particulière au caractère spécifique et au volume d'informations à collecter, à la fréquence des mises à jour et à des méthodes rentables permettant d'y parvenir (voir également le document portant la cote COFI:AQ/I/2002/5).

MESURES PROPOSÉES AU SOUS-COMITÉ

53. Conformément à son mandat, le Sous-Comité est invité à analyser les expériences et les enseignements tirés des décennies passées en matière d'application de programmes d'aménagement et de développement de l'aquaculture, tant au plan normatif que pratique. Créer en particulier un environnement propice au développement de l'aquaculture dans les zones dotées d'un potentiel est crucial pour la durabilité du secteur. Il s'agit aussi bien de créer et de mettre en place des environnements de politiques et réglementaires favorables à un aménagement plus rationnel de l'aquaculture que d'accroître la participation des parties prenantes à la planification, au démarrage et à la gestion du secteur sous tous ses aspects.

54. Le Sous-Comité envisagera peut-être de recommander des mesures spécifiques à l'intention du Département des pêches de la FAO, des États Membres de l'Organisation et des organismes régionaux et internationaux concernés par le développement durable de l'aquaculture.

1 Dans le présent document, l'aquaculture englobe également la pêche fondée sur l'élevage.

2 L'analyse des tendances fournie dans le présent document est fondée sur les dernières statistiques de la production aquacole de la FAO (1999 - http://www.fao.org/fi/statist/FISOFT/FISHPLUS.asp).

3 Les pays figurant dans le groupe des pays à faible revenu et à un déficit vivrier (PFRDV) sont ceux qui i) selon la Banque mondiale, disposent d'un bas revenu en termes de produit national brut (PNB) par habitant et ii) selon la FAO enregistrent un déficit commercial pour les produits alimentaires en termes d'apport en calorie. Les pays qui ont officiellement refusé d'être inclus dans le groupe ne le sont pas (voir la liste actuelle à l'adresse suivante : http://www.fao.org/spfs)

4 Réseau de centres d'aquaculture pour la région Asie et Pacifique, Bangkok (Thaïlande).

5 Subasinghe, R.P., P. Bueno, M.J. Phillips, C. Hough, S.E. McGladdery et J.R. Arthur. (Eds.) 2001. L'aquaculture du troisième millénaire - Rapport de la Conférence sur l'aquaculture du troisième millénaire, Bangkok (Thaïlande), 20-25 février 2000. RCAAP, Bangkok et FAO, Rome, 471 pages.

6 RCAAP/FAO. 2000. Développement aquacole à l'horizon 2000. Déclaration et stratégie de Bangkok. Conférence sur l'aquaculture du troisième millénaire, 20-25 février 2000, Bangkok (Thaïlande). RCAAP, Bangkok et FAO, Rome, 27 p.( anglais seulement)

7 FAO. 1995. Code de conduite pour une pêche responsable. Rome. FAO, 46 p. http://www.fao.org/fi/agreem/codecond/ficonde.asp

8 Département des pêches de la FAO. 1997. Développement de l'aquaculture. FAO Directives techniques pour une pêche responsable No 5, Rome, FAO, 55 p.

9 GESAMP: Groupe mixte d'experts OMI/FAO/UNESCO-COI/OMM/OMS/AIEA/ONU/PNUE chargé d'étudier les aspects scientifiques de la pollution des mers.

10 GESAMP 2001. Planning and management for sustainable coastal aquaculture development. Rep. Stud. GESAMP, 68, 90 p.

11 FAO. 2001. Promotion de l'aquaculture commerciale durable en Afrique subsaharienne. FAO Document technique sur les pêches No. 408, Vol. 1-3. FAO, Rome.

12 http://www.fao.org/fi/atlas/w_fi_aq/w_fi_aq.asp

13 http://www.fao.org/fi/figis/